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Par bernardleroux le 18 Mai 2016 à 11:52
Vous avez peut-être ressenti comme moi l’effet hypnotique d’un voyage en train. Il y a des moments où, bercé par les bruits répétitifs, les rêves se mélangent aux perceptions, allant parfois jusqu’à de fugaces hallucinations. Se mélangent en même temps pensées, souvenirs, rêves et visions. Au réveil, quelque chose en reste, sans qu’on puisse dire exactement ce qui était vrai ou pas. Pour illustrer cet état, j’ai choisi une musique répétitive avec un parti pris de contraste entre un environnement électro-acoustique fait de boucles synthétiques et de basse électrique d’une part, et d' instruments purement acoustiques : guitare folk, derbouka, (à gauche sur la photo) udu (à droite), flûte irlandaise, violon d’autre part.
Paroles et musique: Bernard Leroux.
1
Le train roule depuis longtemps,
Les gens, à demi somnolents,
Sur leur siège dans la chaleur
Sont irréels comme des acteurs.
Dehors, le ciel plombé recule
Dans les ombres du crépuscule,
Tandis que le train immobile
Tangue comme sur une mer d’huile.
Un voile de brume envahit
Un paysage, des prairies,
Et nappe maisons et pays
Qui se préparent pour la nuit.
Ma tête posée sur le verre
Regarde défiler le rail,
Comme si jouait dans tout l’univers
Une partition de ferraille.
2
Aux ombres du soir qui se posent
Des reflets flous se superposent
Dans le T.G.V. où s’allument
Des visages en forme de lunes.
Au milieu d’une peupleraie,
Un jeune visage apparaît,
Ovale ponctué d’un regard
Où plane l’hypnose des gares.
Serait-ce un signal dans la nuit
Qui passe sans faire de bruit,
Ou bien quelqu’un qui me regarde
Sans intention et par mégarde ?
Ou bien, est-ce un astre oublié
Qui flotte dans le ciel ondé,
Entre les nuages violets
Et les réverbères allumés ?
(instrumental)
3
Maintenant que tout a sombré,
Le visage s’est mis à parler.
Il me dit : « tu m’as oubliée,
Moi et ton passé, sur le quai.
Quand as-tu cessé de m’attendre,
Toi qui étais pour moi si tendre,
Qui disais que même le temps
N’a pas raison des sentiments ?
Et quand es-tu devenu vieux,
Assez pour ne plus voir mes yeux
Te demander de revenir
Prendre le train de l’avenir ? »
Le visage maintenant s’est tu
Et flotte en l’air, comme un fétu,
Reflet qui bientôt va mourir
Et me fixe avec un sourire.
4
Et, maintenant, bien réveillé,
J’ai envie de me détourner
Pour voir à qui est ce visage,
Ou si ça n’était qu’un mirage,
Mais la personne qui était là,
Assise juste en face de moi,
A disparu laissant un vide
Béant dans la lumière livide.
Qui était-elle, que voulait-elle,
Et était-ce un ange sans ailes
Venu, au milieu des mirages,
Annoncer la fin du voyage ?
Mais le train fonce dans la nuit,
Il n’y a plus par la fenêtre
Qu’un ciel noir et bleu qui s’enfuit,
Quoi que ce reflet ait pu être. (bis)
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Par bernardleroux le 5 Mai 2016 à 12:48
Il y a une partie de nous à laquelle nous ne pensons pas souvent, il s’agit de la représentation de nous présente dans l’esprit de ceux qui nous connaissent. Chaque fois que quelqu’un se dit : « et lui, que dirait-il, que penserait-il de ça ? », nous existons ailleurs et à notre insu. Et nous y existerons après nous, jusqu’à ce que notre souvenir s’efface. C’est à ces quelques uns que s’adresse cette chanson.
Pour relativiser un peu le sérieux du propos, j’ai choisi une orchestration plutôt « swing », avec piano, banjo, basse, batterie, guitare solo, batterie, cordes, et cuivres.
paroles et musique: Bernard Leroux.
1
Toi chez qui je vis
Juste de temps en temps,
Pour dire mon avis
Pour parler du temps,
Je sais que j’exis-
Te dans ta pensée,
Même quand je ne suis
Pas là pour parler.
2
Car je ne vis pas
Que dans mon esprit,
Je suis avec toi
Dans toute ta vie,
La petite voix
Qui te dit souvent
C’que je ferais, moi
Au même moment.
3
Car je suis dans tous
Ceux qui me connaissent,
Et je n’sais pas tout,
C’est une faiblesse,
Ce que dit le gars
Qu’est dans ton cerveau
Qui ressemble à moi,
Qui est mon jumeau.
4
Toi aussi tu vis
Dans ma vie intime,
Tu dis ton avis
Comme je l’imagine,
Tu hantes, comme moi,
Diverses maisons,
Où il y a ta voix,
Où il y a ton nom.
inst.
5
Toi qui a la chance
De vivre après moi,
Toi qui sais d’avance
Que je n’serai plus là,
Tu es le monde où
Je vivrai demain,
Quand se s’ra le bout,
Quand ce s’ra la fin.
6
Cent petites voix,
Dans les souvenirs,
parleront pour moi,
Me f’ront revenir,
Pour dire mon avis,
Même s’il ne vaut rien,
Bien après ma vie
Et c’est mieux que rien. (bis)
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Par bernardleroux le 23 Avril 2016 à 16:11
Parfois, quand un point d’interrogation se pose, une mise au point s’impose, virgule, à tel point qu’on ose écrire en contrepoint une musique pour donner le la, et dont la portée ne mettra pas un bémol à la clé. Il suffit de trouver le ton, d’être dans le bon registre, et surtout respecter le tempo, sous peine d’écrire une œuvre mineure, ou bas de gamme.
Pour mettre au point cette partition, j’ai utilisé ma guitare folk, basse, piano, synthé, batterie, harmonica, virgule, et guitare électrique jazz, point.
Paroles et musique: Bernard Leroux.
1
Quand je l’ai rencontrée, virgule,
Toute désappointée, virgule,
Je lui ai dit deux point ouvrez
Les guillemets : « viens », et après
Elle l’était beaucoup moins au point
Que j’ai pu les refermer, point.
Elle me dit : ouvrez les guillemets
« Je suis perdue dans la ville mais
Ne tirez pas avantage de
Cette situation de point
De non tiret retour au moins
Le temps que j’m’en remette un peu ».
2
Y’avait point d’interrogation
Pour ce qui est d’mes intentions
Mais, virgule, je suis philosophe,
Qu’on me parle ou qu’on m’apostrophe
Au sujet du guillemets « sexe »,
Je suis un p’tit peu circonflexe.
Pour mettre au point notre liaison,
Ne pas prendre de poing dans la face,
Je mis une ponctuation
A notre tendre face à face,
Et je mis un accent aigu
A ne pas lui parler de … point.
3
Quand elle fut à point je lui dis :
« Nous sommes comme entre parenthèses,
Comme deux points perdus loin d’ici
Virgule, tu peux te mettre à l’aise,
Mais un gros point d’exclamation
Vint mettre un point de suspension.
Je mis alors un point d’honneur
A me montrer des plus galants :
Deux points je lui offris des fleurs
Pour me montrer un peu plus lent,
Virgule car les filles ont horreur
Qu’on les apostrophe sans gants.
Instrumental.
4
Il n’y eut point d’exclamations
Ni de mise au point entre nous,
Elle partit sans explication,
Me laissant choir comme un caillou,
Et me laissant en suspension
Même si ça ne tient pas debout.
Depuis, je m’abstiens d’accolades
Avec mes petites camarades,
Qu’elles m’apostrophent ou qu’elles se pointent
Virgule je me passe de conjointe,
Je vis comme entre parenthèses
Et, virgule, j’en suis fort aise.
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Par bernardleroux le 14 Avril 2016 à 13:31
Parfois, une histoire d’amour souffre de trop de conditions pour pouvoir être : « Il eût fallu que nous nous accordassions », dirons-nous alors.
L’essentiel est de garder le sourire, fanfare en tête, avec tuba, trombones, et à la rythmique du banjo, des guitares, de la basse et de la batterie.
Paroles et musique: Bernard Leroux.
1
Nous nous fussions aimés si vous n'm’aviez quitté,
Pour rester, il eût fallu que vous m’aimassiez,
Mais hélas, cela eût-il été le cas si
Vous ne fussiez issue de l’aristocratie ?
De fait, si je n’eusse été de basse extraction,
Il eût fallu que je partageasse vos visions
Et que j’eusse, à propos de tout, votre opinion
En ce qui concerne les femmes et les visons,
Or, il se trouve que si je suis né quelque part,
Il eût fallu que ce fût sur votre boulevard,
Quelque part entre Neuilly et porte d’Auteuil
Mais, hélas, je viens des HLM d’Argenteuil.
ref :
Eh oui, madame,
Pour un récit un peu significatif
De notre flamme,
Il eût fallu en parler au subjonctif.
2
Dans mon monde, pour que nous parlassions actions,
Il eût fallu qu’en tout état d'cause nous eussions
Des émoluments un p’tit peu plus consistants,
Nous eussions pu alors vous faire des présents,
Ces quelques attentions de luxe auraient suffi
A ce que vous m’eussiez gardé dans votre lit,
On le sait, ne pète pas dans la soie qui veut,
Pour m’extraire il suffisait que je fusse un gueux.
Ref.
Instrumental
Ref (de notre drame)
3
Alors vous retournâtes dans votre seizième,
« Brisons là, voulez-vous ? » ce devint votre antienne,
Il eût fallu alors que j’eusse plus de courage
Et que je me jetasse du dix-septième étage,
Mais une fois rentré dans ma tour de béton,
Je renonce très vite à cette tentation,
Car je retrouve mon quartier et mon rond d’serviette,
Au resto du centre commercial et c'est chouette.
Eh oui, princesse,
Pour un récit un tant soit peu plus festif
D’histoires de fesses,
Rien ne vaut le présent de l’indicatif !
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Par bernardleroux le 28 Mars 2016 à 20:16
Nous avons tous une idée générale de ce qu’ils sont. C’est à eux que s’adresse l’animateur du JT quand il dit : « Madame, Mademoiselle, Monsieur ». Ils habitent dans ces maisons toutes pareilles, dans des quartiers qu’on appelle : « lotissements ». En France, on les appelle « les français moyens ». Mais vous, leur ressemblez-vous ? Je suis sûr que non. Et d’ailleurs, asseyez-vous un instant sur un banc et regarder passer les gens : vous en voyez ? Moi pas. Alors où sont ils ? Peut être seulement dans nos têtes.
Une musique « folk » (« populaire », en anglais) était de rigueur pour ce thème, avec banjo, guitare folk, harmonica, piano, basse et batterie.paroles et musique: Bernard Leroux.
1
Les gens normaux sont un homme, une femme, une fille et un garçon,
La dame porte une robe et le monsieur a un pantalon,
La dame est à la cuisine avec un tablier, c’est normal,
Pendant que le monsieur est au salon et lit son journal.
Oui, mais les gens normaux
Moi, j’en vois pas souvent,
Car ils sont différents
La plupart du temps.
2
Les gens normaux ont acheté une maison Bouygues à crédit,
Ils ont un jardin bien propre avec un palmier rabougri,
Ils ont un barbecue et une tondeuse pour le désherbage,
Ils ont une Renault Clio ou encore une Polo dans le garage.
Oui, mais des gens comme ça,
Moi, je n’en connais pas
Car ils sont différents
La plupart du temps.
3
Les gens normaux regardent à la télé des films facétieux,
Ils se tiennent au courant des actualités et d’la météo,
La dame de la météo les appelle « madame, mademoiselle, monsieur »,
Puis ils vont se coucher car ils travaillent le lendemain très tôt.
Oui, mais les gens normaux,
Ils ne sont pas légion,
Ce sont des animaux
En voie d’disparition.
4
Les gens normaux ont un I phone et sont connectés à internet,
Ils ont une page Facebook, ils likent et twittent, et font des commentaires,
Ils gagnent assez pour partir en vacances et payer leur maisonnette,
Mais pas assez pour les croisières de luxe et les restaurants chers.
Oui, mais les gens moyens,
Moi, j’en vois d’moins en moins
Car ils sont différents
De ce qu’on attend.
Instrumental
Oui, mais, les gens normaux
Comme ceux de ma chanson,
Ce sont des animaux
En voie d’disparition.
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Par bernardleroux le 16 Mars 2016 à 18:43
Illustration : Doisneau, « Amour et barbelés ».
Après les grandes guerres, certains se sont peut-être demandé pourquoi avoir des enfants, si c’est pour qu’ils servent de chair à canon. Aujourd’hui, nous pouvons nous poser la même question, cette fois parce que nos enfants sont en train de devenir des variables d’ajustement pour les multinationales, dirigées par des dictateurs dont le pouvoir dépasse celui des chefs d’état. Mais, même sous les bombes, l’amour triomphe toujours…
Pour ce texte, un habillage jazzy à base de piano-basse-batterie aux balais, avec ensuite des guitares folk, du Fender Rhodes, de l’orgue Hammond, des cordes, et des soli de guitare folk et Epiphone jazz.
Paroles et musique : Bernard Leroux
Puisque c’est le règne des bateleurs de foire
Qui nous disent comment vivre et ce qu’il faut croire,
Puisque nous ne naissons que pour les enrichir
Et qu’ils ont acheté même notre avenir,
Puisque nous ne pouvons plus faire autrement
Que de collaborer à ce grand changement
Qu’il n’y a plus que l’économie, et le marché
Qu’ nous n’sommes plus citoyens, que nous sommes tous fichés,
Raconte-moi pourquoi tu es né,
Et est-ce qu’il avait prévu ça
Le jour où, pour l’éternité,
Il a pris ta mère dans ses bras ?
2
Puisque le monde entier est devenu musée
Parce que nous ne voulons plus voir ce qu’il est,
Puisqu’ils ont détruit ce qui faisait la vie,
L’amitié et l’amour, et le travail aussi,
Puisqu’ils ont transformé les villes en boutiques
Et puisqu’ils ont tout sali, même l’Atlantique,
Et puisque les campagnes sont des usines à blé
Et que les gens étouffent sous le béton armé,
Raconte-moi pourquoi tu es né
Et est-ce qu’il avait prévu ça
Le jour où, pour l’éternité,
Il a pris ta mère dans ses bras ?
3
Et puisqu’ils ont bien compris ce qu’il faut nous dire
Pour que nous fassions exactement ce qu’ils veulent,
Puisque nous regardons la lucarne mentir
Que leurs bases de données s’alimentent toutes seules,
Et puisqu’ils ont gagné la guerre économique
A défaut de larguer leurs bombes atomiques,
Puisqu’il paraît que maintenant les jeux sont faits
Qu’on n’y reviendra plus, que tout est consommé,
Raconte-moi pourquoi tu es né
Et est-ce qu’il avait prévu ça
Le jour où, pour l’éternité,
Il a pris ta mère dans ses bras ?
Instrumental
4
Mais puisque tout l’avenir n’est jamais écrit,
Et puisque malgré eux nous sommes toujours en vie,
Et puisque ce vieux monde est déjà condamné
Et qu’il agonise asphyxié par ses fumées,
Puisqu’il suffit qu’une femme et un homme s’aiment
Pour que le printemps vienne, pour une nouvelle scène,
Puisque toujours les fleurs renaissent au printemps,
Après la grande peur, enfin viendra le temps
Où tu sauras que tu es né,
Parce qu’il avait compris ça,
Et tu sauras enfin pourquoi
Il a pris ta mère dans ses bras.
12 commentaires -
Par bernardleroux le 7 Mars 2016 à 18:06
Comme vous le savez certainement, la France est strictement divisée en deux populations à peu près égales : la droite et la gauche. A gauche, nous avons les « bobos », ou « bourgeois bohèmes », et à droite les « beaufs », invention judicieuse du regretté Cabu. Dans quelle catégorie vous retrouverez-vous ? Moi, j’ai choisi…
J’ai choisi aussi une orchestration plutôt « folk », avec banjo, piano, basse, batterie, et à la fin quatuor de cordes. Le tout ponctué d’un accordéon diatonique, pour imaginer une danse entre bobos et beaufs.
Paroles et musique: Bernard leroux.
1
J’ai une maîtrise de socio
Je ne mange que du bio
J’vais au boulot en vélo,
Je suis un bobo.
Je cultive mes haricots,
Je n’aime pas Monsanto,
Je suis un vrai écolo,
Je suis un bobo.
Toi tu n’as pas de complexe
Pour ta Béhème, ta Rolex,
Tu crois pas que l’climat chauffe,
Tu es un gros beauf.
2
Chez moi j’ai une éolienne,
J’étudie les sciences humaines,
J’ai un petit sac à dos,
Je suis un bobo.
Je milite anti fasciste,
Je suis un peu socialiste
Mais je ne suis plus Mao,
Je suis un bobo.
Tu n’es pas vraiment raciste,
Tu as un ami sioniste,
Et un autre qu’est ruskoff,
Tu es un gros beauf.
3
Je suis pour le mariage gay,
Pour la parentalité
Des lesbiennes et des homos,
Je suis un bobo.
J’veux toujours l’évolution
D’l’école et d’l’éducation
Et tout reprendre à zéro,
Je suis un bobo.
Tu es traditionnaliste
Primaire, anticommuniste,
Tu n’aimes pas les philosophes,
Tu es un gros beauf,
4
Je défends les ours blancs,
Les beurs, les droits des enfants,
Des mouettes et des cachalots
Je suis un bobo.
Je crois au désarmement,
Au r’pentir des délinquants,
Je suis classe et intello,
Je suis un bobo.
Tu crois dans le nucléaire,
Tu n’es pas contre la guerre,
Les bombes, les Kalachnikov,
Tu es un gros beauf.
Tu cours t’occuper d’la bourse,
Tu me traite de Bisounours,
Et moi j’en ai plein le dos,
Je suis un bobo,
Et je t’emmerde.
4 commentaires -
Par bernardleroux le 28 Février 2016 à 12:01
Terrorisme, montée de l’extrême droite, retour des intégrismes religieux, régression sociale, corruption des élites, désinformation, décidément tout semble se détraquer en ce début de siècle, dit la voix pessimiste. Allons, répond la voix optimiste, tout ne va pas si mal… Et tout ira mieux quand les humains auront compris…ce qui va mal.
Paroles et musique : Bernard Leroux.
1
Porte mine et mine de plomb,
Attention car si tu dessines
On va te truffer d’plomb,
Au concert ou en terrasse,
L’angoisse à quoi ça sert
puisque tu erres dans la masse.
Allons t’inquiète pas tout
Baigne, y s’passe rien du tout,
Y’a pas d’misère
Dans les chaumières,
Allons regarde ailleurs
Si j’y suis, et d’ailleurs,
Flics dans les bars,
Soldats des gares.
Peut être que tout ça ce s’ra fini
Quand ce s’ra la paix ici,
Peut être que tout ça ce s’ra fini
Quand on s’aim’ra ici.
2
Y’en a marre des marabouts,
C’est tout un cauchemar
Tous ces vendeurs de tabous,
A la messe, ou au meeting(e),
Ce qu’ils veulent te voler
C’est tes fesses ou tes méninges.
Pas d’angoisse ils sont plus
C’qu’ils étaient, et d’ailleurs,
Y font plus peur,
Sauf quand ils tuent,
Les nôtres sont gentils,
Ils n’ont que des hosties
Mais ceux d’ailleurs
Sont des tueurs.
Peut être que tout ça ce s’ra fini
Quand l’bon Dieu sera parti,
Peut être que tout ça ce s’ra fini
Quand Il sera parti.
3
Mise à pieds et pied d’cochon,
Les cons glissent le papier
Dans l’urne pour le Front,
Toit d’maison et maison d’fous,
Ils sont partout et font
S’écrouler les fondations.
Allons tout l’monde s’aime
C’est pas la nuit de cristal,
Y’a pas de balles
Dans leurs FM,
Et puis la démocratie
Nous protège, ici,
Et puis la guerre,
C’était hier.
Peut être que tout ça ce s’ra fini
Quand les hommes auront compris,
Peut être que tout ça ce s’ra fini
Quand ils auront compris.
3 commentaires -
Par bernardleroux le 14 Février 2016 à 16:34
« Ne chantez pas la mort, c’est un sujet morbide…c’est un sujet tabou pour poète maudit », disait le grand Léo Ferré. Je m’y suis essayé en 1995, encore sous le choc d’un deuil. (bien avant Pascal Rinaldi) Ca a donné cette chanson, que j’ai trouvée digne d’être reprise vingt ans plus tard, avec mes moyens actuels : un piano, une basse, des sons synthétiques, et pour effacer quelques erreurs d’interprétation de la première version, que vous retrouverez dans l’album : « Voilà ».
Dans le contexte de l’année 2015, j’ai trouvé qu’elle résonnait autrement qu’il y a vingt ans, peut être de façon moins personnelle, plus d’actualité, d’où le titre : Merde à la mort, et plus spécialement en 2015.
Paroles et musique: Bernard Leroux.
1
Si c’est dur de se dire adieu,
C’est sûr, c’est parce qu’y’a pas de dieu,
Si c’est dur de dire au revoir
C’est qu’y’a pas d’espoir.
Un jour ici, et l’autre là,
Dans la vie, et dans l’au-delà,
Si nous parlons peu de la mort
C’est parce qu’elle a tort.
Il n’y a vraiment rien à dire
Puisque même les mots expirent,
On ne peut même pas en sourire
C'est bien ça le pire.
2
Nous vivons pour des lendemains
Qui ne seront qu’dans les bouquins
D’histoire, ou de littérature,
Mais sans nous, c’est sûr.
Un peu plus tôt, un peu plus tard,
C’est toujours la même vieille histoire,
Nous fluctuat, mais mergitur,
Good bye, no futur.
On dit qu’on s’y fait, qu’il le faut,
En vérité, tout ça c’est faux,
Notre révolte est toujours là
Et c’est bien comme ça.
3
Chez Charlie, ou à Mathausen,
Pour un ami, quelqu’un qu’on aime,
Qu’ils soient un, ou bien dix millions
C’est la même chanson,
C’est bien toujours les mêmes larmes,
C’est bien toujours le même drame,
Quand la faucheuse en attrape un
On n'y peut plus rien.
Et les cicatrices s’accumulent
Sur nos cœurs, et sur nos pendules,
Plus le temps passe, et plus on sait
Qu’y’a que ça de vrai.
4
Alors nos petites douleurs,
Nos soucis de con-sommateurs,
Nos petits drames d’électeurs
Deviennent mineurs.
Pourquoi pas dire : à bas les armes,
Merde aux nazis qui vivent encore,
Merde au cancer, et merde aux larmes
Et merde à la mort.
Solo basse
Et pourquoi pas dire merde aux heures
Qui chaque jour usent nos corps,
A la vieillesse, et à la peur,
Et merde à la mort.
6 commentaires -
Par bernardleroux le 13 Février 2016 à 17:01
Imaginez que quelqu’un vous suive, depuis toujours, et que quoi que vous fassiez, il vous accompagne partout sans vous lâcher d’une semelle. Ce cauchemar là, je l’ai imaginé en chanson. Voilà ce que ça donne, une fois enrobé de banjos, de guitare folk, de guitares électriques, d’harmonicas, de basse, de batterie et d’orgue Hammond.
Paroles et musique: Bernard Leroux.
1
Je me suis réveillé et il était ici,
Encore une journée à supporter ce type,
Il vit dans ma maison et il dort dans mon lit,
Il arrive même qu’il ronfle et ça, ça m’insupporte,
J’ai eu beau essayer de le mettre à la porte,
Il rentre par la fenêtre, et zut, c’est reparti.
A peine réveillé, il me dit qu’il a faim,
C’est du café, des tartines et du beurre qu’il lui faut,
Ca va pas assez vite, c’est jamais assez chaud,
Après il monopolise la salle de bains,
Les toilettes et la douche, et même ma brosse à dents,
Il laisse le lavabo avec des poils dedans.
Et depuis que je suis né, il me suit partout,
Une plaie, un pot d’colle, un chewing-gum, un caillou,
Un boulet, une purge, une tique, un vrai mildiou.
2
Ses chaussettes sont sales et il faut les laver,
Il me pique mon pull, c’est d’un grand inconfort,
Ses chaussures, c’est moi qui dois les lui cirer,
Et je vais jusqu’à lui attacher ses lacets,
Et enfin il s’en va. Ouf, me voilà dehors,
Mais il m’a vu et m’a suivi, il est très fort.
Car partout où je vais, au travail ou ailleurs,
Il me suit pas à pas, je ne peux pas le voir,
Je dois supporter ses idées et ses humeurs,
Il me fait la morale, me dit de ne pas boire
Comme un ange gardien, comme un vieux confesseur,
J’ai beau le faire taire, il finit par m’avoir.
Et depuis que je suis né, il me suit partout,
Comme un morpion, une tique, un ténia, un virus,
Un sparadrap sur la semelle, comme une puce.
3
L’autre jour j’avais décidé de le semer,
Je suis parti en douce, vers la ville allumée,
Retrouver une amie, une femme à aimer,
Mais au moment d’conclure, il était encore là :
Morale et grands sermons ont gâché nos ébats,
La belle s’est empressée de nous échapper.
Mais un jour j’arriverai à m’en débarrasser,
Un jour la séparation sera effective,
Quand entre lui et moi, divorce consommé,
Quand il s’envolera, léger, vers l’autre rive,
Quand on plant’ra mon corps en terre comme une endive,
J’sais pas où il ira, j’en ai rien à cirer.
Et depuis que je suis né, je me suis partout,
Moi-même, ma personne, ma pomme, moi, mon âme,
Comme un démon gardien, mon être c’est mon drame.
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