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Pardonnez-nous.
Illustration : Picasso, « la femme qui pleure ».
D’aucuns se retrouveront dans cette prière, d’autres pas. Car si, collectivement, les hommes ont à demander pardon aux femmes pour leur condition dans le passé, et un peu aussi aujourd’hui, chacun se dit qu’il n’est responsable que de ses propres agissements.
C’est le thème de cette chanson que j’ai arrangée un peu comme un cantique, avec orgue, basse, batterie, chœurs et arpèges de piano et de cordes. Une sorte de prière des hommes, non à Dieu mais à « Déesse »…
Bernard leroux: Pardonnez-nous.
1
Pour ce que nous avons commis, hier encore,
Pour avoir été les prédateurs de vos corps,
Pour vous avoir soumises à notre bon vouloir
Pour faire de vous nos bonnes et nos reposoirs,
Pour avoir fait une prison du mariage,
Limitant votre vie au cercle du ménage,
Pour vous avoir interdit l’entrée aux écoles
Parce que nous vous voulions ignorantes et frivoles,
Pardonnez-nous.
2
Pour vous avoir réduites à la maternité
Comme si vous n’existiez que pour enfanter,
Pour avoir dit longtemps que vous étiez trop bêtes
Et qu’il eût mieux valu que vous fussiez muettes,
Pour l’interdit de posséder quoi que ce fût,
Le droit de voter, de dire non, droit de refus,
Avoir été écartées de la vie publique,
Tour à tour trop candides ou trop machiavéliques,
Pardonnez nous.
3
Pour vous avoir nié le droit d’avoir un sexe,
Pour vous avoir traitées comme poupées en latex,
Pour vous avoir interdit d’avoir du plaisir
Et surtout de choisir l’objet de vos désirs,
Pour vous avoir imposé des maternités
Pour être sûrs d’entraver votre liberté,
Pour vous avoir interdit la contraception
Pour faire plaisir aux prêtres, pour de fausses raisons,
Pardonnez-nous,
4
Pour ceux qui vous affichent nues dans les journaux,
Ceux qui vendent votre image, votre âme, votre peau,
Et pour tous ceux qui vous font descendre au trottoir
En prétendant que c’est par votre bon vouloir,
Et pour ceux qui vous paient pour avoir leur plaisir,
Qui vous considèrent comme des jouets, comme des loisirs,
Qui vous matent, vous suivent, vous touchent dans la rue,
Vous insultent et vous traitent de putes, de grues,
Pardonnez nous.
5
Je suis arrivé dans ce monde tel qu’il était
Et je n’avais rien fait pour qu’il fût imparfait,
Alors, excusez-moi, mesdames, mes demoiselles,
Mais je n’y suis pour rien si les hommes sont cruels,
Le seul fait d’être homme ne me fait pas coupable,
Le pénis que je porte n’est pas la queue du diable,
Sachez me regarder autre que prédateur,
Responsable de faits dont je ne suis pas l’auteur,
Pardonnez-moi.
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Commentaires
Alors là !!! c'est excellent !!! je ne trouve pas les mots exactes pour dire à quel point cette "prière" s'avère être un bel hommage à toutes les femmes de toutes générations !!!
Merci !!!
Tu es tout pardonné .............. bien évidemment qu'il ne faut jamais généraliser !!!
A bientôt .................. bise et encore bravo !!!