• Gargouille.Gargouille.

    u moyen âge, en la bonne ville des Cénomans, les maisons closes sises en la rue Des Pans De Gorron appartenaient toutes à l’évêché, dont elles étaient attenantes. On ignore par quelle monnaie les locataires payaient leur loyer à Monseigneur.

    Ceste ritournelle conte l’historiette de deux jeunes pendards qui, ayant détourné quelques écus, s’en vinrent trouver « Gargouille », maîtresse des filles de joie. Mais, délestés de leur écot par des suisses, gens d’armes du pape, ils restèrent quinauds à l’huis. Heureusement, sainte justice veillait, en la personne de Monseigneur…

    Guiternes, violes, timbales et flutiaux forment l’arrangement médiéval de la chanson.

     

    Escouter « 2 GARGOUILLE.mp3 » (clic droit puis "ouvir le lien dans un nouvel onglet")

     

    Gargouille.

     

     

    appelle-toi

    ceste gargouille,

    Goton qui se croyait coquette,

    Mais hélas nous foutait la trouille

    Avec son rire de castagnette,

     

    Elle déboulait dans la rue borgne

    De la cité des Cénomans

    Où se pavanaient sans vergogne

    Lanternes rouges et manants.

     

    2

    Nous n’estions alors que des mioches,

    Graines de pendards, viande à gibet,

    Et pour peu que dans une poche

    Nous ayons un escu volé,

     

    Que payer d’autre qu’épousailles

    Et éventer le grand mystère

    Qui se cachait sous la futaille

    De l’éléphantesque derrière ?

     

     

    3

    Hélas, les suisses de Monseigneur

    Eurent tôt fait de nous fouailler

    Devant l’entrée de la demeure

    A lanterne rouge allumée,

     

    Et s’en allèrent, escus volés,

    Toquer à l’huis de la grognasse,

    Nous laissant quinauds et rognés

    Dans la ruelle et la bouillasse.

     

    4

    Commerce avait la créature

    Avec Monseigneur, icelui

    Lui faisait payer en nature

    Charges et loyer par le déduit

     

    Du lupanar dont l’évesché

    Estait légal propriétaire,

    Servant gens de robe et d’espée,

    Fortunes de titres ou de terres.

     

    5

    Voyant les suisses en sa bâtisse

    Il les taxa de nos deniers

    Et nous les renvoya gratis

    Dans le ruisseau et le bourbier.

     

    Morale :

     

    Que vous soyez pendard ou prêtre,

    Bien en la place ou néophyte,

    Que vous soyez valet ou maître,

    Mal acquis jamais ne profite.

     


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  • Bruits.

    Dans la nature renouvelée de mai, quel concert ! Oiseaux, insectes, feuilles bruissantes…

    Et quel calme …

    A en oublier qu’ailleurs, il y a la guerre.

     

    Ecouter « 1 BRUITS.mp3 »  (clic droit puis "ouvrir le lien dans un nouvel onglet")

     

    Il y a des bruits,

    Le bruit du vent

    Comme un train qui passerait au loin,

    Les engoulevents

    Qui font leur foin

    Pour construire de nouveaux nids.

     

    Il y a aussi

    Les bourdons noirs

    Qui vrombissent petit, petit,

    Les fleurs de pois

    De soie, de moire,

    Qui dodelinent sous leur poids.

     

    Et puis, et puis

    Des bruits petits,

    Les fourmis qui veillent sur leur nid,

    Les scarabées,

    Les diatomées,

    Dans leur minuscule cheminée.

     

    Comme elle est belle

    La solitude,

    Les bruits qui font comme un décor,

    Rien ne rappelle

    La multitude

    Des villes et des aéroports.

     

    Et puis soudain,

    Dans le jardin,

    Un avion qui passe, raz de terre,

    Un grand tonnerre

    Trouble la terre

    Pour rappeler qu’il y a la guerre.


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  • Dors.

    Si l’inactivité de notre génération et de ses dirigeants face aux changements climatiques sont une insulte aux générations suivantes, on peut imaginer ce que pourrait être une berceuse pour un bébé qui naît aujourd'hui...

    La même que celle du ronron des télés et radios pour nous les adultes en période électorale...

     

    Sur un arrangement de boîte à musique, banjo, piano Rhodes, basse, cloches, synthés et percussions.

     

     

    Ecouter « 15 DORS.mp3 »

    (clic droit puis "ouvrir le lien dans un nouvel onglet")

     

    Dors, dors, bébé dors,

    Télé reviendra bien vite,

    Dors, dors, bébé dors,

    Radio reviendra bientôt.

     

    1

    Nous construisons de tout cœur

    Pour toi, l’avenir meilleur,

    Mais si ça ne marche pas,

    Si ça flambe, tu verras,

    Nous on aura profité

    On aura bien engraissé,

    Et pour toi il restera

    La faim, la soif et tout ça,

    Et nous on ne s’ra plus là.

    Dors…

     

    2

    Il faut parfois un peu chaud,

    Mais nous faisons ce qu’il faut

    Pour arrêter le turbot,

    Le pétrole, c’est pour bientôt,

    Nos voitures seront légères

    Et lentes comme des landaus,

    Et le plastique sur la mer

    Va disparaître sans doute

    Comme le pétrole dans les soutes.

    Dors…   

     

    3

    Les hommes sont tous des frères,

    Il n’y aura plus de guerre

    Comme il y en a eu naguère,

    Les alliés sont des amis,

    Les armes dans leurs étuis,

    Les bombes dans leurs silos,

    Il n’y a plus de salauds

    Qui règnent encore sur le monde

    Il n’y a plus de bête immonde

    Dors…

     

    4

    Grâce à Dieu, nos gouvernants

    Se torturent la cervelle

    Pour nous faire des lois nouvelles

    Pour empêcher les migrants

    D’arriver chez nous vivants,

    Et pour qu’enfin nos p’tits vieux

    Puissent nous aider de leur mieux,

    Ils les feront travailler

    Jusqu’à ce qu’ils soient canés.

    Dors…


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  • Les asphodèles.

    Magnificence des lieux de culte, costumes, couleurs, encens…Hypnose des prières.

    Pendant ce temps, le père Vert compte ses sous dans la sacristie…

    La musique est construite autour d’échantillonnages de titre précédents : « Chanson de Brel », « La marguerite » et « Mirages » pour le couplet, « Les lauriers » et « Hôtel de la gare » pour le refrain.

    Ecouter « 14 LES ASPHODELES.mp3 » (clic droit puis "ouvrir le lien dans un nouvel onglet")

    Paroles et musique B.Leroux, mars 2022.

     

    Les asphodèles

    Et les sittelles

    En marbre ornent l’autel,

    Sous les acanthes,

    Ceux qui le hantent

    Ont des surplis amarante.

     

    Argent des croyants,

    Denier trébuchants,

    Et une obole à l’officiant.

    Fais moi donc l’aumône

    Au tronc d’la Madone

    Pour que le Grand Dabe te pardonne.

     

    L’odeur d’encens

    Trouble les sens

    Au son d’un chant lancinant.

    Les psalmodies,

    Monophonies,

    Bourdonnement assourdi.

     

    Le denier du culte,

    Finances occultes

    Pour faire la nique à Belzébuth,

    Aboule ton oseille

    Dans ma p’tite corbeille

    Pour moi c’est le jour de la paye.

     

    Fausse prières,

    Ferme-paupières,

    Et homélies incendiaires.

    Rites sacrés,

    Lieu consacré,

    Nombreux fidèles effarés.

     

    Aboule ton obole,

    Je suis bénévole

    Pour faire briller mon auréole.

    J’fréquente la comtesse

    Mais pas les pauvresses,

    C’est mon assurance vieillesse.

     

    J’m’occupe des enfants,

    J’suis très accueillant,

    C’est au nom du christ triomphant.

    Dis-moi tes péchés

    Derrière l’évêché,

    Inutile de pleurnicher. 


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  • Les mirages du désir.

    Un jeune couple entre dans un café. Au bar, un vieil alcoolique soliloque… Contraste.

    Les instruments du blues sont là : guitares, piano, basse, batterie, harmonica.

     

    Ecouter « 13 LES MIRAGES DU DESIR.mp3 »  paroles et musique B.Leroux mars 2022

    (clic droit puis ouvrir le lien dans un nouvel onglet)

     

     

    1

    Ils sont beaux,

    Ils ont 17 ou 18 ans,

    Ce sont des adultes enfants,

    A leur âge

    Ils croient encore avoir le temps.

     

    Il fait chaud,

    Trop chaud de plus en plus souvent,

    Il n’y en a plus pour longtemps,

    Car l’orage

    Fera pour eux suite au beau temps.

     

    1-1

    Je suis là pour être ailleurs,

    Il faut bien être quelque part,

    Là où j’étais, j’avais peur

    Alors j’suis parti au hasard

    Oh, dis-moi serveur,

    Tous les chemins mènent à ton bar.

     

    Dès que j’essaie d’attraper

    Mon verre plein sur le comptoir,

    Il semble se dérober,

    C’est un truc bizarre à voir

    Oh, dis-moi tôlier,

    Pourquoi je me suis fait avoir ?

     

    2

    Ils n’ont pas

    Peur du présent ou du passé,

    Ils sont juste là pour passer

    Pas à pas,

    Ils vont là où ils veulent aller.

     

    Il fait chaud,

    Ils entrent dans le café du square

    Où ils vont très souvent s’asseoir,

    Au comptoir,

    Il y a un type bizarre.

     

    2-1

    La nuit frappe à tes carreaux,

    Le verre se sauve à nouveau,

    Le bédouin sur son chameau

    Poursuit le mirage de l’eau

    Oh, dis-moi, l’ami,

    Ressers-moi donc encore un d’mi.

     

    Il faut bien que le temps passe,

    Sinon, on f’rait du sur-place,

    Et même si ça n’est qu’un leurre,

    Même si c’est dans la douleur

    Oh, dis-moi, loufiat,

    Pourquoi faut qu’ça finisse comme ça.

     

    3

    Dans leurs rires,

    Ils n’entendent pas le client

    Au bar qui parle de sa vie

    Inassouvie,

    Et des mirages du désir.


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  • Guerre froide.

    En ces temps de conflits, non contre les russes mais contre leur dictateur, j'ai trouvé amusant de réécouter cette chanson, écrite en 2014 .

    Catalogue de tous les clichés concernant la Russie pré-poutinienne…

     

    Ecouter « 3 GUERRE FROIDE.mp3 »

    (clic droit puis "ouvrir le lien dans un nouvel onglet")


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  • Eaux.

    Le plaisir d’un évènement est aussi fait d’attente. En ce moment, c’est la grande fête du printemps qui s’annonce, dans des signes discrets que seul l’amoureux de la nature perçoit.

    L’essentiel de la musique de ce titre est composée à partir de la vibration d’un verre frotté avec le doigt. S’y ajoutent divers sons échantillonnés, et une steel-guitar.

     

    Ecouter « 12 EAUX.mp3 »  (clic droit puis "ouvrir le lien dans un nouvel onglet")

    1

    Le vent disperse,

    Froid et transverse,

    Les flaques,

    Et le temps passe,

    Fondent les glaces

    Du lac.

     

    La pluie oblique

    Fauche les pics

    Des arbres,

    Le froid nous blesse,

    Ce qui le laisse

    De marbre.

     

    2

    Le soleil pâle

    Brille l’opale

    De l’eau,

    Les bourgeons veillent

    Avant l’éveil,

    Grelots.

     

    Les oiseaux piquent,

    Plantes atypiques,

    La terre,

    Les sillons bruns

    Sous les embruns

    Amers.

     

    3

    Les bois secrets

    D’appels discrets

    S’éveillent,

    Et moi, j’attends

    Un meilleur temps,

    Je veille.


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  • Hôtel de la gare.

     

     

    Un homme se réveille un matin dans une chambre de l’Hôtel de la gare.

    Que fait-il ici ? Quel est son passé, son futur ?

    Piano, batterie, basse fretless, bruits ferroviaires échantillonnés.

     

    Ecouter « HOTEL DE LA GARE.mp3 » (clic droit puis ouvrir le lien dans un nouvel onglet)

    Paroles et musique: B.Leroux, janvier 2022.

    1

    Hôtel De la gare,

    Mercredi matin,

    Un jour incertain,

    Gris, louche, et hagard,

    La chambre est grisâtre,

    Tapisserie et plâtre,

    Lézardes bizarres

    Au plafond blafard.

     

    Le lavabo goutte,

    Miroir écaillé,

    Lampe garnie de mouches,

    Lino tout rayé.

    Mes pauvres habits,

    Textile avachi

    Comme un moi tout mou

    Pendu à un clou.

     

    2

    Les draps plutôt durs

    Comme une paroi,

    Lit aux ressorts mûrs,

    Ne pas remuer.

    Tente de bédouin

    Dans un désert froid,

    S’en aller, très loin,

    Sans se retourner.

     

    Chaussures près du lit,

    Se lever sans bruit,

    Juste un creux au ventre,

    Faim ou autre chose ?

    Partir, changer d’antre,

    Ni manger, ni boire,

    Tout juste si j’ose

    Fixer le miroir.

     

    3

    Hôtel De la gare,

    Un matin blafard,

    En haut de l’armoire

    Mon sac de voyage,

    Et, dans ma mémoire,

    Des chambres banales

    Et d’autres voilages

    Sur fenêtres sales.

     

    Des draps carapace

    Chiffonnés, défaits,

    J’ai juste la place

    Pour me dérober,

    Un pied en dépasse,

    Petit et cambré,

    Des cheveux troublants

    Sur l’oreiller blanc.


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  • Les lauriers.

    Les récits qui ont bercé notre enfance, du petit chaperon rouge aux chansons traditionnelles, ont pour contexte un monde qui a disparu, celui où on allait à la fontaine et où les jeunes filles avaient peur du loup (ou des trois capitaines…)

    Et si ce monde bucolique, peuplé de bergerettes et de gentils coquelicots n’est plus, où les amoureux modernes se rencontrent-ils ?

    Plus généralement, comment vivons nous le décalage entre ces descriptions du monde et celui où nous vivons réellement ?

    Ecouter LES LAURIERS.mp3 »  (clic droit + "ouvrir le lien dans un nouvel onglet)

    paroles et musique B.Leroux janvier 2022

     

    1

    Non, nous n’irons plus au bois,

    Car les lauriers sont coupés,

    Et la belle que voilà

    N’ira pas les ramasser.

    Et moi pour embrasser la belle,

    Dites-moi comment je fais ?

    Et moi pour embrasser la belle,

    J’ai plus nulle part où aller.

     

    2

    J’ai descendu dans mon jardin

    Pour y cueillir du romarin,

    Mais les gentils coquelicots,

    Mesdames, il n’y en avait plus un.

    La marchande n’était plus là

    Pour me faire son baratin,

    Même si je savais déjà

    Que les hommes ne valent rien.

     

    3

    Dans l’eau de la claire fontaine,

    M’en allant promener,

    J’espérais voir la samaritaine

    Mais l’eau était polluée.

    Où puis-je retrouver la belle,

    Dis-le-moi, oiseau perché,

    S’il n’y a plus que des poubelles

    Là où je vais la chercher ?

     

    4

    Alors, au clair de la lune,

    Mon amie colombine

    A frappé chez moi comme une

    Copine un peu coquine.

    Mais malchance, dans mon antre

    Il n’y avait plus de feu

    Et dans ma cuisine et mon ventre,

    Pas de soupe pour deux.

     

    5

    Les histoires qu’on nous raconte,

    Veaux, vaches, cochons, couvées,

    Ne correspondent plus au monde

    Tel que maintenant il est.

    Les sites les plus bucoliques,

    Industrialisés,

    Il n’y a plus que sur les mythiques

    Qu’on peut se rencontrer.


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  • Darling.

    Projetons-nous un instant dans les années 30. Sur un yacht, la fête des années folles bat son plein. Sautoirs de perles rares, longs fume-cigarettes, nœuds papillons et plastrons blancs…
    Le foxtrot est de rigueur : dans le phonographe, banjo, planche à laver, tuba, trombone, sax et clarinette.

    Dansons, dansons jusqu’à la fin de ce monde…

     

    Ecouter « darling.mp3 »    (clic droit, puis "ouvir le lien dans un nouvel onglet")

    Paroles et musique: B.Leroux, décembre 2021.

     

    Nous nous sommes rencontrés sur le yacht de mon ami,

    Vous portiez un costume marin blanc, et moi aussi,

    Sur le pont nous regardions au loin la mer immense

    Et c’est ainsi qu’a commencé cette sweet romance,

    Yachting, racing,

    You are my darling.

     

    De port en port en navigant sur la riviera,

    Ensemble nous avons visité nos colonies :

    Oran Alger Tunis Hammamet, les marinas,

    Les souks et les médinas devinrent notre partie,

    Shopping, touring,

    You are my darling.

     

    Sur le port le bateau scintillait de mille feux,

    Vous étiez la plus belle, sous le chapeau vos yeux bleus,

    Entre un conte de fées et un maquis d’opérette,

    Une douairière couverte de diamants et d’aigrettes,

    Standing, smoking,

    You are my darling.

     

    Le foxtrot allait bon train, le champagne coulait à flots,

    Nous étions enivrés sur ce casino sur l’eau,

    L’orchestre était très hot et pour tout dire épatant,

    Jusqu’au bout de la nuit nous fûmes amants en dansant,

    Swinging, dancing

    You are my darling.

     

    Quant enfin le soleil apparut sur l’horizon,

    Vous exprimâtes le vœu de finir en apothéose,

    Mais comment, ce ne fut pas alors la question,

    Car nous étions tous deux désireux de la même chose

    Feeling, loving,

    You are my darling.


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