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Ecrite en partie en argot, cette complainte de style « réaliste » est celle d’un pauvre hère qui demande des comptes au « grand tôlier », à Dieu lui-même.
Pour ce thème mi-populaire mi-dramatique, j’ai voulu une orchestration à la fois accordéonesque et grand-orchesque, si vous mordez le topo. Parce que c’est pas parce qu’on est un narvallo qu’on n’entrave pas la bonne zicmu. Donc : piano, accordéon, guitares classiques, contrebasse, cordes et bois, harmonicas et mélodica m’ont paru un judicieux mélange. Je vous livre le texte avec les traductions, pour ceux qu’entravent que d’chie à l’argomuche.
Boniment et zicmu: Bernard leroux.
J’agonirai l’grand tôlier.
Le jour où j’aurai pas de pot,
Où la faucheuse aura ma peau,
Qu’ce soit un accident d’auto
Ou sur la bascule à charlots,( la guillotine)
Quand je s’rai devant l’bon Dieu,
Quand j’bouffr’ai mon acte de naissance
Il faudra qu’y m’bonisse ( me dise) un peu
Pourquoi moi j’ai pas eu d’ chance.
Quand je s’rai devant le grand dabe ( le grand père, Dieu)
Et qu’y m’ présent’ra l’addition,
J’répondrai sans hésitation
“Et pourquoi cette vie minable?”
Pourquoi y’en a qui roulent sur l’or
Pendant que les pauv’ caves (homme honnête) comme moi
S’décarcassent à chercher l’emploi
Qui évi’tra d’pioncer dehors,
Quand je j’srai devant Saint Pierre
Quand on m’aura mis’ dans ma bière
Moi qui ne suis qu’un pauvre hère,
J’agonirai ( je réprimanderai) Dieu le père,
Et les grands piafs ( les anges) du paradis
Me diront: “ferme-là un peu,
Tu chiales devant le grand monsieur
Le singe ( le patron) du ciel, le grand mufti”
A ces ailés (zélés) aux airs austères
J’bonirai qu’jen ai rien à battre,
Et qu’si l’grand dabe faisait son taf
Sur terre, y’aurait pas tant d’ misère,
A l’heure du jug’ment dernier,
Au poulailler (paradis) ou dans les flammes
Moi qui n’suis qu’un pauv’trimardier (routard)
J’agonirai l’grand tôlier, ( le propriétaire des lieux)
J’demand’rai des comptes à Dieu.
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